Dans nos assemblages, nous privilégions le Cabernet Sauvignon, cépage emblématique du Medoc. Il est présent jusqu’a 70 % puis nous retrouvons le merlot, un peu de cabernet franc et des Petits Verdots. Ce dernier cépage tardif est notre cépage de prédilection, malgré les soins importants qu’ils nécessitent. Sa résistance aux maladies, sa générosité dans la récolte, sa qualité quand on le cultive avec amour nous conduisent à lui donner une place de choix dans nos dernières plantations. Pour nous, c’est le cépage d’avenir du Medoc et des terres graveleuses.

Nous cherchons à produire des raisins de qualité afin de produire le vin que nous aimons, pour le partager avec le maximum d’amateurs de vins typés. Les modes ne nous intéressent pas, ni la technologie dernier cri, au dessus de nos moyens. Lorsque nous sommes satisfaits du résultat, nous ne cherchons pas à tout changer. Le vignoble est premier dans nos préoccupations, la vinification, elle, demeure traditionnelle. Nous essayons d'être respectueux du fruit récolté manuellement. Quant à l’élevage en barriques de chêne français, pendant 12 mois, dont un tiers de neuves, il permet d’affiner le vin, comme nous pouvons le faire pour un fromage en cave. D’autres arômes se développent, les tannins s’arrondissent, le vin prend une autre ampleur. Nous adaptons notre travail à la matière première, en cela nous sommes des artisans.

Les familles de crus ont été reconnues au XIXème siècle, pour permettre de classer les propriétés du Bordelais. Les courtiers qui goûtaient les vins dans les propriétés pour les proposer aux négociants, ont choisi de distinguer les vins en fonction du statut social du propriétaire. Ainsi, les paysans produisaient un cru paysan, les artisans, un cru artisan, les bourgeois, un cru bourgeois et enfin l’aristocratie et les grandes familles des crus classés. La hiérarchie sociale et la hiérarchie des prix se confondaient alors. 

Aujourd'hui, ces classifications n'établissent pas une échelle qualitative, mais sont plus le reflet de l’origine de la propriété. Il suffit pour s’en convaincre d’organiser des dégustations à l’aveugle. En économie, nous avons tendance à dire que ce qui est rare est cher. Or, en matière viticole, les crus artisans sont des vins rares, car ne représentant que 3% de la production de vins du Medoc et pourtant ils sont accessibles au plus grand nombre de gourmets.